Soren Wolfhart

Comment ça, Soren, un pouvoir ? Non, il n'en a aucun. Mais son père, qui fait parti de l'organisation Ouroboros, lui a donné deux ou trois petits accessoires pour se défendre, au cas où un Surval ou un Newal remarquerait ce qu'il est vraiment, c'est à dire un très jeune agent. Premièrement, un pistolet. Oui, un pistolet. Pistolet paralysant. De loin, ça ressemble à un jouet pour enfant, mais en réalité, ça paralyse l'ennemi. La charge a de quoi calmer un fauve, au cas où son adversaire aurait un pouvoir particulièrement violent. Sinon, plus ordinaire, il a un téléphone portable. Pour communiquer quoi, on ne va pas faire un dessin. Pour expliquer aux agents plus âgés et expérimentés là où il se trouve, quelle proie intéressante il aurait repéré, ou même tout simplement téléphoner des amis. Oups, il n'a pas d'amis !

Bon, on va arrêter d'embêter ce petit avec ses problèmes de sociabilité... A part ça, il a un collier avec un pendentif en argent. Son père le lui a offert. Il le déteste, mais comme son père le force à le mettre, il le fait avec beaucoup de réticence. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il y a un mouchard à l'intérieur. Au cas où Soren serait en danger, ou s'il se faisait enlever. Monsieur Wolfhart ne voudrait pas perdre la face, face aux ennemis !

Soren, il faut dire qu'il n'y a rien de particulier à voir chez lui. Il est d'une taille moyenne, niveau corpulence aussi, il n'y a pas grand chose. Un enfant de douze ans lambda, quoi. Il pourrait passer inaperçu. Du moins, si il n'était pas vêtu aussi richement, bien qu'il prenne soin de ne pas trop se faire remarquer avec ça. Il a des vêtements simples, mais on prend soin à ce qu'il s'arrange constamment et mette de jolis vêtements de marque. Vous ne le verrez pas souvent avec un jean et un t-shirt, excepté lorsqu'il est sous couverture, quand il piste un Newal ou un Surval pour le compte de son père, qui travaille à Ouroboros. Non, pour lui, ce sera un beau pantalon de luxe, avec une belle chemise.

Oh, et puis, il ne faut pas oublier sa peau très, voir trop pâle, ou ses yeux bleus un peu tirés comme ceux d'un chat. Ou même ses cheveux blancs comme neige. Pas de sa faute si sa mère est une albinos, et qu'il a hérité de ses cheveux immaculés. Bien qu'en réalité, cela ne le dérange pas plus que ça. Ils sont souvent bien peignés, du moins en présence de bourges ou de son père. Sinon, il se charge lui-même de les envoyer danser partout de par ses mouvements ou ses jeux.

Froid, distant, poli. C'est premièrement ce qui vous vient lorsque vous le rencontrez. On peut dire qu'il détourne le regard en parlant, et puis on prendra cela pour de la timidité, ou de la froideur. Au fait, c'est juste qu'il n'est pas très intéressé par votre personne. Solitaire, il faut dire que c'est le mot qui le marque le plus souvent. Ses camarades de classe ont tendance à dire de lui qu'il est hautain, qu'il se comporte ainsi parce qu'il se sent supérieur aux autres. Peut-être est-ce en parti vrai, vue que sa famille l'a élevé en lui apprenant à toujours garder la tête haute. Il faut dire aussi que les enfants de son âge, dans son collège, sont aussi des enfants de riches, et qu'ils prennent plaisir à critiquer les autres.

Mais alors ? Y'a-t-il autre chose ? Soren est bien un garçon solitaire. Ses relations avec son père n'ont jamais été très profondes, et il est fils unique. Difficile d'être accompagné dans ces conditions. Alors il passe le temps comme il le peut, en s'amusant avec ses jeux videos, ou en allant casser les pieds des domestiques de sa grande maison, en trouvant les moyens de les faire perdre la tête. L'une des dernières trouvailles avait été de mettre du laxatif dans le verre d'eau du cuistot. Mais la der des ders, ça a été lorsqu'il avait collé au plafond Soléa avec de la colle glue stick spéciale fixation béton. Qu'il s'était marré, ce jour là.

Alors, c'est juste un enfant pourri gâté ? Non, pas tellement. Ses relations avec son père ont toujours été des plus conflictuelles. D'abord parce qu'il ne l'avait jamais réellement traité comme un fils, mais aussi parce qu'il n'a jamais fait attention à lui. Pour cela, Soren lui en veut, mais depuis que son père l'a engagé comme "informateur" dans son groupe, il s'est senti plus proche.

Mais il a bon coeur, dans le fond. Il reste honnête malgré ses défauts, et rêve d'un monde idéal. Peut-être est-il trop idéaliste, d'ailleurs. Et puis, il est parfois même un peu sentimental. Et puis, tout au fond de lui, se cache une certaine tristesse reliée à cette solitude constante. Après tout, même si il fait parti d'Ouroboros, il n'est qu'un enfant, non ?

Naître dans une famille de riches. N'était-ce pas merveilleux ? La famille Wolfhart, une famille bien connue pour avoir investi dans l'industrie pharmaceutique durant des décennies, et qui s'était friquée là dessus. Et récemment, avoir financé l'élaboration des Survals et des Newals fut une idée des plus rentables. Tel était le tableau de chasse de la famille.

Bienvenue dans la famille, Soren. Un bébé à la peau immaculée et aux yeux bleus était né, pour le plaisir de sa mère, mais au malheur de son père. Il fallait dire qu'il aurait préféré divorcer, mais quand son épouse lui avait appris sa grossesse, il ne pouvait plus reculer. C'était un truc de la famille. Enfin, sa mère tint à s'occuper de lui, à le chérir, du moins jusqu'à ses trois ans. Soren perdit ensuite sa mère, elle qui l'aimait tant, dans un accident de la route. Et rien de pharmaceutique ou de scientifique n'avait pu la sauver.

Son père n'avait pas effectué de gros efforts pour se rapprocher de lui, après cette perte des plus terribles. Soren se retrouva bien vite seul, avec le poids de ce décès. Et à l'école, ça n'allait pas mieux, puisqu'il se fit vite remarquer pour son apparence atypique, et les antécédents de son père. On le rejeta assez vite, et son père opta finalement pour des cours par correspondance. Cela pris jusqu'au collège avant qu'il ne reprenne une scolarisation normale.

Et en attendant, il avait décidé de tuer cette solitude, tuer cette solitude qui ne faisait que le hanter. D'abord, en achetant le plus de jouets et de jeux videos possibles. Et puis ensuite, cela devint lassant, et répétitif. Alors il décida de sortir sans autorisation, de temps à autre. Cela rendait fou son père, et puis jouer au chat et à la souris, c'était amusant. Puis il s'en lassa lorsque son père commença à le retrouver de plus en plus facilement.

Alors il se mit à maltraiter le personnel. Les femmes de ménages, les serveurs, les cuisiniers, et les autres postes dont il ne connaissait pas les noms, tous y étaient passés. Alors, excédé, son père le réintégra dans le cursus scolaire ordinaire, sauf que ce n'était pas si ordinaire que ça vu que c'était un collège de riches. Et encore une fois, ce fut le calvaire, vu que les autres enfants préféraient le mettre à l'écart ou le jalouser. Mais Soren, il gardait la tête haute, il restait froid, il les ignorait. Ce qui avait le don de vite les énerver. Ce qu'il avait pu se marrer intérieurement, à ces moments là.

Et puis un jour, il se fit attaquer par un surval en colère. Ce dernier avait compris qu'il était le fils de monsieur Wolfhart, qui avait financé sa création, et avait donc voulu se venger sur lui. Mais les agents d'Ouroboros le reprirent très vite en main. Soren n'y avait rien compris, et lorsqu'il demanda à son père à quoi consistait précisément ce boulot, son père lui mentit. Il lui dit qu'Ouroboros était une organisation visant à retrouver les Survals et les Newals qui s'étaient échappés, dans le but de les réintégrer dans leurs postes. Ce n'était pas un mensonge, dans le fond, mais il l'avait dit d'une manière si détournée, en omettant tous les détails sordides, que le garçon s'intéressa un peu plus à ce groupe.

Et puis son père lui proposa de devenir espion, informateur pour eux. Cela consistait tout simplement à suivre les fugitifs, à indiquer leurs positions, sans partir dans des altercations. Ce qui plut à Soren. Et puis, il avait vu quelque chose dans le regard de son père. Oui, son père s'était enfin intéressé à lui.
Et quelques jours plus tard, son père lui ramena une newal d'à peu près son âge, nommée Soléa. Officiellement, elle avait été adoptée, mais en réalité, elle était censée être "son garde du corps, au cas où". Le garçon trouva cela ridicule. Mais il devait s'y faire. Il n'hésita pas d'abord à la maltraiter avec ses mauvais tours, avant de s'en lasser. Et puis, elle était sympathique, dans le fond.

Tiens, un nouvel SMS. On dirait bien que le boulot reprenait...