Le silence est d'or ~ [PV Noémie]

Mes yeux étaient rivés sur le produit contenu dans une petite fiole en verre. Un liquide transparent  servant à créer une nouvelle espèce à partir de cobayes humains. Je le connaissais bien ce produit, même très bien puisqu’il coulait dans mes veines, j’étais moi-même un de ces cobayes mais à présent, pouvait-on me qualifier d’humaine ? Reposant le flacon à sa place initiale, je continuais d’observer les alentours de la salle qui devait servir autrefois, de salle d’expérimentation. Elle était semblable au laboratoire où nous armes, connues sous le nom de Newals, avons vu le jour. Sauf que là, il était dans un piteux état après que les Survals se soient rebellés. Des traces de brûlé décoraient la plupart des murs du laboratoire. Il était grand, je me demandais combien de cobayes avaient péris ici, combien de Survals étaient nés dans ce lieu. Créer de nouvelles espèces à partir d’une autre, les Hommes devenaient de plus en plus fous.

Mes mains caressaient les murs blessés par les flammes, les Survals n’y avaient pas été de mains mortes ici. Qu’est-ce que je fabriquais dans un lieu comme celui-là ? La réponse serait la même qu’à la question : « qui sont mes parents ? », je n’en savais rien. Peut-être que je voulais comprendre comment marchait ce produit ? Peut-être que je voulais chercher une solution pour retrouver mon humanité en perdant ce poison qu’on appelait pouvoir ? Non, je m’en fichais de tout ça, je n’étais qu’une arme et mon passé avant cela n’existe plus. Même si je voulais m’en rappeler coûte que coûte, rien ne reviendrait. Je n’ai pas réussi à retrouver ne serait-ce que je nom de mes parents, je ne peux me rappeler ni de leur visage, ni de leur voix. Si un jour j’ai été humaine, maintenant je ne suis qu’arme.

Mon visage était toujours aussi neutre que d’habitude et à mes côtés, le vide était toujours là. J’étais seule pour changer, le calme m’entourait moi et cet endroit. J’aurai pu emmener un livre, personne ne m’aurait dérangée pendant ma lecture. Moi qui en général avait toujours un livre ne main, là je n’avais qu’un paquet de mikado au chocolat au lait dans la main. Qui pourrait manger dans un lieu aussi morbide ? Portant un premier bâton au chocolat entre mes lèvres, je me disais que lorsqu’on a faim, on pouvait manger n’importe où. J’ai toujours aimé ces gâteries, allez savoir pourquoi. Ouvrant les tiroirs présents devant moi, je découvris des dossiers contenant des photos de personne ainsi que leur identité et les changements observés lors de l’injection du produit. J’aurai dû apporter des livres, lire ce genre de truc ne m’intéresse pas le moins du monde. Ils sont morts à cause du produit ? Qu’est-ce que j’en ai à faire ? On finira tous par mourir de toute façon, qu’on soit arme ou humain, la vie n’est qu’éphémère comme toute chose sur terre.

Continuant de manger mes mikados tout en lisant les différents dossiers -seule lecture possible ici-, je n'avais pas remarqué que la solitude m'avait quitté avec l'arrivée d'une inconnue.